Consubstantiel au Père
Cette année jubilaire qui nous invite à vivre l’Espérance coïncide avec la célébration des 1700 ans du Concile de Nicée qui a fixé définitivement notre Credo, en définissant clairement les contours de notre foi. Le jubilé est une tradition biblique dont la trace remonte au livre du Lévitique (25, 8-13). Tous les cinquante ans les compteurs sont remis à zéro, les dettes et les écrous sont levés, les prisonniers sont libérés, les peines sont effacées, les fautes pardonnées. L’Église perpétue cette pratique tous les 25 ans pour que chacun fasse l’expérience de la miséricorde de Dieu qui nous ouvre à l’Espérance et à l’Unité. Dans ce cadre-là, la mémoire du Concile de Nicée prend tout son sens. En effet, nous devons remettre à jour notre foi, comme un reset, afin d’en mesurer la profondeur et la justesse.
En disant à Saint Paul « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse » (2Cor 12, 9) le Seigneur le dit à chacun de nous. Cette grâce reçue nous permet de mieux saisir notre foi et de la préciser, malgré notre incapacité à en percer le mystère. La grâce, de fait, nous appelle à clarifier et à mieux percevoir le contenu de la foi de l’Église. Lorsqu’on regarde les chrétiens des tout premiers siècles, des courants contradictoires divisaient les communautés par manque d’approfondissement de la foi. Si la grâce permet de croire, le contenu de la croyance doit être unifié et vérifié « par l’Esprit Saint » comme le déclarait le diacre saint Athanase (1) qui fut la cheville ouvrière du Concile de Nicée. La question qui divisait l’Église portait sur la double nature du Christ vrai Dieu et vrai homme. Un courant déviant que le Concile de Nicée va définir comme hérétique est celui fomenté par le prêtre Arius, l’arianisme, qui considère que Jésus a été créé et qu’il n’est pas le Verbe né avant tous les siècles. Les ariens ne s’attachent qu’à l’humanité du Christ exemplaire, juste et sainte, mais en aucun cas le Christ est consubstantiel au Père. Cette conception du Christ perdure encore et le cardinal Jean Daniélou affirmait que d’une certaine manière le communisme prolongeait cette hérésie, même si la figure du Christ s’effaçait, le principe humaniste en découlait. Au cours de cette année jubilaire essayons de lire à la lumière du Credo de Nicée les contours de notre foi, essayons de comprendre ce à quoi nous croyons, essayons d’approfondir cette question de l’humanité et de la divinité du Christ afin de la rayonner d’un seul cœur et d’une seule foi.
« Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant,
créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible,
Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ,
le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles :
Il est Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu
Engendré non pas créé, consubstantiel au Père ; et par lui tout a été fait…)
Un sondage récent nous montre que les doutes de l’arianisme sont encore d’actualité, plus d’un tiers des catholiques ne croient pas en la Résurrection qui manifeste glorieusement la nature singulière du Christ comme l’affirme Saint Athanase (2) reprenant le chapitre 8 de la lettre aux Romains de saint Paul, à la suite du Concile de Nicée, « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu. »
A l’entrée en Carême, vivons et témoignons de cette Espérance dans notre vie quotidienne, à chacune de nos rencontres, à chaque carrefour, pèlerins et veilleurs par la grâce de Dieu.
Daniel Facerias
- Elu patriarche d’Alexandrie deux ans après le Concile de Nicée
- Saint Athanase d’Alexandrie (297-378) Sur l’incarnation du Verbe (54,3) Sources Chrétiennes 199